Depuis une bonne vingtaine d'années maintenant, on a vu émerger une course effrénée : la course à la bière la plus forte. Quelle bière sera la plus forte en alcool, et obtiendra ce titre si prisé ? Si vous cherchez une réponse très concrète à cette question, n'ayez crainte, vous allez vous la dévoiler de ce pas. Cependant, ici, on souhaiterait davantage s'interroger sur des sujets un peu plus pertinents : comment fabrique-t-on l'alcool des bières, comment rendre une bière encore plus alcoolisée ou encore quels sont les styles emblématiques de bières riches en alcool, par exemple. Oui, un classement, c'est toujours satisfaisant, mais si on creusait un peu, pour savoir ce qui se cache sous le podium ?
Obtenir une bière avec un taux d'alcool qui dépasse l'entendement : mode d'emploi
Bon, on a compris, vous voulez des noms. Sachez que la bière la plus forte du monde n'est autre que la Brewmeister Snake Venom (ou venin de serpent, appétissant), avec un taux d'alcool de 67,5 %, suivie de près par la Brewmeister Armageddon, à 65 %. Voilà qui est dit. Notez cependant qu'une bière qui va au-delà de 60 % ne sera que rarement, voire jamais, obtenue de façon 100 % naturelle. C'est notamment le cas de ces deux bières, mais… Peut-on encore réellement parler de bière, dans ces conditions ?
Une bière naturellement forte en alcool
Avant tout, procédons à un petit rappel sur le processus de fabrication de la bière, ou comment crée-t-on de l'alcool ? C'est lors du processus de fermentation de la bière que tout se joue. On ajoute les levures à son moût, qui vont se nourrir du sucre naturellement présent dans le mélange — miam —, et le transformer en alcool. Bingo ! Vous l'aurez compris, l'une des techniques pour créer une bière très forte en alcool, c'est de créer une bière… très riche en sucre ! Et on vous assure que des bières blindées de sucre de betterave en fermentation forcée, ça n'a aucun intérêt du point de vue gustatif, à part faire grimper le taux d'alcool. De plus, ce processus ne permet d'obtenir naturellement une bière "qu'à 18 %". Des petits malins ont trouvé des techniques de dopage de levures ou d'utilisation de levures spéciales, permettant d'aller jusqu'à 25 %. Une seule bière, de la Boston Brewery, considérée par beaucoup comme la bière la plus forte du monde obtenue de façon naturelle, monte à 29 %.
Manipuler pour mieux régner : les secrets des bières les plus fortes
Pour obtenir des bières qui iront au-delà des 25 %, et jusqu'à 60 % (oui, oui), on ne compte pas sur nos chères copines les levures, mais sur un processus qui relève davantage de la physique que du brassage : une manipulation appelée eisbock. Eis signifie glace, en allemand, tandis que Bock fait référence à ce style de bière allemande de fermentation brasse. Il s'agit d'une technique de distillation inversée. On gèle la bière au moment de l'étape de la maturation, pour ensuite venir la filtrer et garder uniquement la partie non solide, c’est-à-dire la partie concentrée en alcool. Cette bière en contiendra alors beaucoup !
Pour arriver à des bières supérieures à 60 % d'alcool, certaines brasseries n'hésitent pas à ajouter un ingrédient pas franchement ragoûtant à leurs bières : de l'éthanol. Eh non, ça ne fait pas partie de la liste officielle des ingrédients de la bière, qui sont toujours l'eau, le malt, le houblon et les levures.
Les styles de bières fortes en alcool
Parmi les styles classiques de bière les plus alcoolisées, mais intéressantes au niveau gustatif, on compte notamment les Eisbock, ce sous-style de la Bock, généralement entre 9 % et 14 %, les Imperial Stout, ces bières anglaises aux arômes de chocolat et de café entre 8 % et 15 %, ou encore les Barley Wine. La Barley Wine n'est pas tout à fait une bière. Son processus de fermentation ressemble plus à celui du vin, mais sa matière première reste l'orge, tout comme la bière. Ce liquide plat, tranquille, sans bulles, qui se rapproche du vin mais qui reste une bière, est une boisson bien équilibrée malgré son taux d'alcool autour de 13 %.
On accordera une mention spéciale aux bières blondes Triples, généralement autour de 7 % ou 8 %, qui contiennent plus de malt et donc plus d'alcool, et qui sont des spécialités du Plat Pays, nous avons nommé les bières belges.
Car oui, lorsque l'on parle de bière forte, on parle de bière forte en alcool, mais il y a aussi les bières fortes en goût, qui sont tout aussi, voire plus intéressantes. On se concentrera alors sur d'autres caractéristiques comme le houblon d'une IPA, les saveurs de céréales d'une blanche, les notes de pain grillé ou de cacao d'une bière au malt bien toasté ou torréfié ou encore les notes acidulées d'une Sour.
Depuis trop longtemps, une bonne bière est une bière forte. C'est en tout cas le discours que l'on a pu entendre, et qui est à l'origine de cette ruée frénétique vers la bière la plus forte en termes de taux d'alcool. Or, ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui. Avec l'émergence du No-Low, qui prône le sans alcool ou les taux d'alcool faible et un souci de plus en plus grand des nouvelles générations pour l'hygiène de vie, des bières plus saines, plus respectueuses de nos corps voient le jour, avec des bières artisanales faibles en alcool et des bières sans alcool toujours aussi goûtues. Dans un monde où tout va toujours plus loin, toujours plus vite, pourquoi, finalement, ne pas opter pour un peu de légèreté ?
Prêt.e à déguster ?
Comprendre la bière et tout son univers, c'est bien.
La déguster, c'est mieux. RDV dans notre bar à Pantin !
C'est parti ! 🍻